Le taux de tabagisme en population générale ne cesse de diminuer, en France comme dans d’autres pays européens. Néanmoins, cette baisse cache des disparités en termes de sous-populations, avec des franges de population qui maintiennent un niveau de tabagisme stable dans le temps. C’est le cas notamment des personnes ayant un problème de santé mentale nécessitant un suivi en psychiatrie, où le taux de tabagisme reste très élevé, avec des niveaux de consommation qui le sont tout autant.
Partant de ce constat, le projet TABAPSY a pour objectif de diminuer le taux de tabagisme chez les personnes suivies en psychiatrie. Le projet associe deux organismes, le CCOMS et l’INSERM. Le postulat de départ est le suivant : afin de permettre une diminution du taux de tabagisme, il convient de partir des besoins des personnes concernées afin de co-construire avec elles une intervention d’aide à l’arrêt du tabac qui soit adaptée à leurs besoins. Plus précisément, le projet se centre autour des personnes adultes suivies par les secteurs de psychiatrie publique en France.
En ce sens, 21 secteurs de 11 établissements différents (tous membres du GCS pour la recherche et la formation en santé mentale) sont associés au projet. Les établissements en question sont les suivants : EPSM Val-de-Lys Artois, EPSM Lille Métropole, EPSM des Flandres, Hôpitaux Paris Est Val de Marne, CASH de Nanterre, CH Ste Anne, EPSM Barthélémy Durand, EPSM de la Réunion, EPSM de la Guadeloupe, CH de Rouffach, CPN de Nancy.
Après avoir procédé à une revue de littérature listant l’ensemble des outils et mesures mises en place pour l’aide à l’arrêt du tabac – en population générale aussi bien qu’en psychiatrie –, une étude exploratoire a été menée afin d’affiner la compréhension du phénomène tabagique en psychiatrie. Cette étude a notamment permis de faire ressortir le faible intérêt des professionnels de la psychiatrie autour du tabagisme de leurs patients. Cette étape a aussi permis de considérer le CMP comme lieu pivot de l’intervention à mettre en place, eu égard aux spécificités de l’hospitalisation psychiatrique.
Quatre focus groups ont eu lieu avec des usagers suivis en secteur de psychiatrie en ambulatoire, afin de connaître leurs besoins et leurs souhaits en matière d’aide à l’arrêt du tabac. Il est à noter que chaque participant a été rétribué 50€ pour sa participation à une session de focus group.
Ces groupes ont été suivis de trois autres focus groups réalisés avec des professionnels des secteurs de psychiatrie (psychiatres, infirmiers, psychologues, tabacologues, addictologues, etc.) pour leur soumettre l’intervention telle que perçue par les usagers et recueillir leur accord, leurs remarques et leurs propres souhaits. A l’issue de ces groupes, les modifications apportées à l’intervention ont été présentées, de nouveau, aux usagers interrogés lors des premiers focus groups, afin de s’assurer que l’ensemble de l’intervention répondait bien à leurs attentes.
A l’issue de cette étape, un essai contrôlé randomisé sera mis en place : l’intervention sera proposée au sein de 10 secteurs, alors que 12 autres secteurs seront dans le bras "contrôle" de la recherche. Une évaluation sera mise en place à différents moments pour évaluer le taux de tabagisme global et, partant, s’assurer de l’efficacité de l’intervention. Une réflexion sera aussi menée quant à l’éventuelle exportabilité de l’intervention à d’autres secteurs de psychiatrie en France.
L’ensemble du processus de recherche et des étapes composites est régulièrement présenté et soumis aux remarques et à l’approbation d’un comité de pilotage, comprenant des représentants des différentes parties-prenantes (professionnels, représentants d’usagers, chercheur pair, scientifiques, directeur d’hôpital).
L'intervention devrait commencer dans les secteurs fin 2024.
Publication
"Le tabagisme en psychiatrie : réalités et implications pour sa prise en charge",
Santé publique, volume 34, articles mis en ligne en décembre 2022.
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L’ensemble de l’étude bénéficie d’un co-financement IRESP/INCA. |